Au moment où Louis XIII entre dans Montpellier en octobre 1622, il n’existe plus dans la ville un seul lieu de culte catholique où rassembler les fidèles. La construction d’une nouvelle cathédrale est alors engagée sous l’impulsion de l’évêque Pierre de Fenouillet (1608-1652). Les travaux débutent sur les hauteurs de la place de la Canourgue mais le chantier est rapidement abandonné pour des raisons financières. On préfère finalement restaurer l’ancienne cathédrale Saint-Pierre que l’on dote d’un nouveau mobilier et de tableaux réalisés par les plus grands maîtres montpelliérains de l’époque.

 

La période révolutionnaire

Une nouvelle vague de destructions frappe la cathédrale lors de la Révolution. Les armes d’Urbain V et de Charles V, gravées sur les piliers du baldaquin, sont martelées. Les révolutionnaires détruisent les statues encadrant le grand portail d’entrée et brulent les objets de culte.

Armes martelées pendant la Révolution

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

La cathédrale Saint-Pierre, tout comme l’ensemble des édifices consacrés au culte, est confisquée et revendue comme bien national. L’édifice devient propriété de la Société populaire de Montpellier constituée d’architectes montpelliérains engagés dans la Révolution. Bien que gardant sa fonction originelle, elle est dépouillée de toute dimension religieuse, devenant un édifice à la gloire de la Laïcité, un temple dédié à la Raison, puis est mise à la disposition de la Direction des Hospices militaires. Le culte n’y est rétabli qu’en 1797. Après avoir servi de prison à la Révolution, le palais épiscopal devient le siège de l’Ecole de médecine la même année. 

Le Concordat de 1801 signé entre Napoléon Bonaparte (1769-1821) et le pape Pie VII (1800-1823) donne un nouvel essor à la cathédrale qui est réouverte officiellement au culte en 1802. La réorganisation des circonscriptions ecclésiastiques place Montpellier à la tête des anciens diocèses de Lodève, Béziers, Agde et Saint-Pons de Thomières et en 1847, le pape Pie IX (1846-1878) accorde le titre de basilique mineure à la cathédrale. 

Vue de la cathédrale Saint-Pierre depuis le chemin de Bellevue, Jean-Marie Amelin

1834, retouché en 1848

© Médiathèque centrale d’Agglomération Emile Zola, Montpellier

La cathédrale montpelliéraine occupe désormais une place de premier ordre. À ce titre son état pose problème : ses capacités d’accueil ne sont d’abord plus suffisantes. Avec son chœur de style classique élevé en 1775 et sa tour manquante depuis les guerres de Religion, l’édifice est vu comme une construction disparate et mutilée, loin d’être à la mesure du nouveau rôle joué par le diocèse de Montpellier.

Censée manifester la ferveur de l’Eglise réhabilitée depuis peu, la restauration de la cathédrale est ainsi une entreprise symbolique au service d’un catholicisme militant. À Montpellier, elle est menée à bien grâce à la détermination de l’évêque Monseigneur Charles Thomas Thibault (1796-1861) et à la vision de l'architecte Henri Revoil (1822-1900), disciple de Viollet-le-Duc.

Le régime concordataire, qui autorise le service cultuel mais impose au clergé de prêter serment de fidélité à l’Etat, reste en place jusqu’en 1905, date de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat.