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Dans la cathédrale, le seul monument édifié en souvenir d’un évêque est le mausolée de Monseigneur de Cabrières. Personnalité majeure du catholicisme français, il occupe pendant 47 ans le siège épiscopal de Montpellier jusqu’à sa mort en 1921.
Monseigneur de Cabrières, évêque de Montpellier de 1874 à 1921
Au cours d'un ministère de près d’un demi-siècle, Monseigneur de Cabrières est confronté à des épisodes marquants qui lui donnent un écho national. Au cœur de l’histoire religieuse et politique de la IIIe République, il est un acteur prépondérant des luttes qui opposent, à la fin du XIXe siècle, les partisans d’un régime légitimiste et conservateur aux défenseurs du modèle républicain et laïc. Royaliste convaincu, il est un farouche adversaire au ralliement à la République et il ne se résout qu’amèrement à l’appel du pape Léon XIII au rapprochement avec le pouvoir laïc en 1892.
Cet attachement à la maison de France, nourri de la fréquentation assidue des prétendants au trône, le conduit à soutenir plus tard l’Action française. Par ailleurs, cette opposition aux directives papales est sans doute la cause de sa tardive élévation à la pourpre cardinalice : il n’est nommé cardinal par le pape Pie X qu’en 1911.
Son deuxième grand combat est celui des lois de Séparation des Eglises et de l’État qui divisent violemment la nation au début du XIXe siècle. Grâce à sa position au moment des inventaires sur la définition des associations cultuelles, il obtient une audience nationale. Les manifestations viticoles de 1907 lui apportent une nouvelle popularité. Face aux vingt-sept régiments envoyés en Languedoc par Clémenceau pour mater la révolte vigneronne, Anatole de Cabrières ouvre les églises et la cathédrale de Montpellier aux manifestants. Action militante contre le pouvoir radical, ce « blanc du Midi » se rapproche ainsi du « Midi rouge », recevant le surnom « d’évêque des gueux ».
Le rôle qu’il joue comme artisan de l’Union sacrée lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale apaise les tensions qui opposent ce grand prélat légitimiste à la République. Le 2 août 1914, il se rend chez le préfet de l’Hérault pour lui offrir tout son concours pendant la guerre. Aussi, en 1921, lors de la célébration du 7e centenaire de la fondation de l’Ecole de médecine de Montpellier, le Président de la République, Alexandre Millerand, célébre en lui l’infatigable ouvrier de l’Union sacrée, dont il reste dans le département de l’Hérault « comme le vivant symbole ».
Grand officier de l’Ordre de Léopold de Belgique, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 1921, quelques mois avant sa mort.
Un mausolée en l'honneur de l'évêque
C’est à son ami Henri Nodet (1855-1940), architecte et inspecteur général des Monuments historiques, à qui il avait confié la construction du nouveau palais épiscopal, que l’on doit le dessin du mausolée du Cardinal de Cabrières.
Le monument est composé d’un retable et d’un tombeau surmonté de la statue du cardinal. Associant plusieurs marbres, comme le blanc de Carrare, le bleu turquin de Caunes-Minervois et le rouge incarnat de Saint-Pons, il est réalisé en 1926 par le sculpteur biterrois Jean-Marie Magrou (1869-1945), spécialisé dans la sculpture funéraire.
L’inscription gravée rappelle les dates clés de Monseigneur de Cabrières à savoir sa naissance (30 août 1830), sa préconisation comme évêque (16 janvier 1874), son élévation au rang de cardinal (27 novembre 1911) et sa mort (21 décembre 1921).
Le cardinal est représenté à genoux, en méditation à son prie-dieu, dans l’attitude qui était la sienne lors de l’action de grâce. Sur le socle, un bas-relief en marbre blanc rappelle l’ouverture des portes des églises aux viticulteurs en 1907, sans doute le fait le plus mémorable de ce long épiscopat.