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- Les décors de l'ancienne chapelle Deydé
Au cours de l’hiver 2017-2018, des indices de la présence d’une peinture murale du XVIIe siècle ont été découverts au-dessus de l’arc d'entrée de l’actuelle chapelle Saint-Roch, à l’occasion de travaux au sein de la cathédrale conduits par la Conservation régionale des monuments historiques.
Afin d'en savoir plus, une étude préalable a été commandée par l’État auprès de conservateurs-restaurateurs spécialisés, sous la direction de l’architecte en chef des monuments historiques. Elle a révélé la présence d'un décor d'ampleur, certes en relatif mauvais état, mais globalement compréhensible et pouvant être dégagé puis restauré.
Décor mural de l'ancienne chapelle Deydé (avant restauration)
2018
© Iris Brunner
Fenêtre de sondage révélant la présence de figures humaines (avant restauration)
2018
© Iris Brunner
De la découverte à la mise en valeur
La restauration de cette peinture recouverte d'un épais badigeon gris-brun a été réalisée de septembre à novembre 2019.
Après le retrait des couches superficielles par clivage au scalpel, il a été possible de dresser un constat général sur les altérations et réaliser en premier lieu des consolidations : refixage général de la couche picturale, injections de mortier dans l'enduit et pose de solins périphériques.
Ensuite, le nettoyage de la couche picturale a consisté en un décrassage de surface, puis l'allègement du vernis ancien à la gomme laque et l'élimination des repeints grossiers réalisés lors d'une précédente campagne de travaux.
Enfin, après le comblement des manques d'enduit, la restauration à proprement parler a consisté à combler les petites lacunes de décor pour retrouver une continuité des motifs et à restituer certaines parties, selon le principe d'une réintégration de type illusionniste. Seul le visage mutilé de la femme en bas à gauche n’a pas été restitué : ici la lacune a été ajustée avec un glacis sur l’enduit pour trouver un juste équilibre en terme de valeur, permettant alors une lecture sans heurt du décor.
L'ensemble du décor après dégagement du badigeon et avant restauration
2019
© Atelier du Ricou
Détail de l'inscription "Joseph" apparaissant en transparence sous le monogramme Yahvé
2019
© Atelier du Ricou
Vue sous lumière ultraviolette destinée à mettre en évidence la présence de repeints
2019
© Atelier du Ricou
Groupe de personnages féminins inférieur à gauche : absence de réintégration de la grande lacune au niveau du visage de la femme
2019
© Atelier du Ricou
Reconstitution de la chapelle Deydé par Jean-Christophe Donnadieu
2019
© Musée Fabre, Montpellier
Reconstitution de la chapelle Deydé par Jean-Christophe Donnadieu
2019
© Musée Fabre, Montpellier
Reconstitution de la chapelle Deydé par Jean-Christophe Donnadieu
2019
© Musée Fabre, Montpellier
Reconstitution de la chapelle Deydé par Jean-Christophe Donnadieu
2019
© Musée Fabre, Montpellier
Composition et iconographie
La composition couronnant l'ancienne chapelle Deydé est la découverte la plus récente sur l’histoire passionnante de cette chapelle funéraire, superbe ensemble baroque du XVIIe siècle qui participe du rayonnement artistique de Montpellier à la fin du Grand Siècle.
La peinture murale complète le décor exceptionnel de marbres polychromes, peintures, sculptures et gypseries qui ornaient initialement la chapelle Deydé, reconstitué en 2019 à l’occasion de l’exposition De marbre blanc et de couleurs au musée Fabre.
Allégorie de la foi, détail du décor mural de l'ancienne chapelle Deydé datant du dernier quart du XVIIe siècle (après restauration)
2019
© Atelier de Ricou
Allégorie de la l'espérance, détail du décor mural de l'ancienne chapelle Deydé datant du dernier quart du XVIIe siècle (après restauration)
2019
© Atelier de Ricou
Le parti général de cette œuvre s’inspire des décors des églises italiennes baroques. Il s’agit d’une peinture allégorique réunissant les Vertus, incarnées par des figures féminines, qui doivent guider les hommes dans leur rapport au monde et à Dieu.
On distingue à gauche l’allégorie de la Foi reconnaissable par ses attributs (calice, croix, flamme du saint Esprit), et accompagnée de l’inscription latine In fide vivo (« Dans la foi je vis »). On retrouve à droite celle de l’Espérance, symbolisée par l’ancre que porte le personnage féminin et par l’inscription Dixi tu es spes mea (« Je dis : tu es mon espoir »).
Le cartouche central est orné du monogramme de Yahvé. Il s’agit d’une adjonction postérieure qui laisse transparaitre les lettres « JOSEPH », le saint dédicataire de la chapelle choisi par Jean Deydé en souvenir de son père Joseph mort en 1637.
La découverte de cette peinture murale, qui pourrait être attribuée au peintre montpelliérain Jean de Troy (1638-1691), vient compléter les connaissances sur cette chapelle funéraire dont on ne peut que regretter le démantèlement à la Révolution.
La campagne de restauration, associant architectes, conservateurs, restaurateurs et historiens de l’art, a permis de donner un éclairage plus précis à cette œuvre, et de la présenter au public dans les meilleures conditions.
La DRAC Occitanie a souhaité garder la mémoire de cette découverte exceptionnelle grâce à un court documentaire qui retrace les différentes étapes de la restauration de ce décor peint. La vidéo est accessible en bas de page.