La nef médiévale de la cathédrale de Montpellier est caractéristique de l’art gothique méridional.  

Cette architecture apparait au XIIIe siècle, en opposition au style gothique du Nord de la France. Elle est associée au combat de l’Eglise contre la dissidence cathare. Après la croisade des Albigeois, et par opposition au luxe de l’Eglise catholique romaine, est introduit un style architectural aux formes austères et dépouillées. Les matériaux locaux sont privilégiés, à Montpellier on utilise un calcaire coquillé issu des carrières de Pignan. Les ouvertures sont rares et étroites et les contreforts sont préférés aux arcs boutants. 

Plan de l'église au XIVe siècle (état restitutif)

© Dominique Larpin. Architecte en chef des monuments historiques

L’ancienne église du monastère Saint-Benoît-Saint-Germain présente un plan simple typique du gothique méridional, composé d’une nef unique de cinq travées bordées de dix chapelles latérales prises entre les contreforts. L’édifice est implanté au pied du versant nord de la colline montpelliéraine, le long de l’enceinte urbaine. 

Les contraintes topographiques ne permettant pas d’orienter l’église, le chevet est placé au nord et la façade principale au sud. Il présentait une abside pentagonale flanquée de deux absidioles de plan carré, disparue lors des transformations du XVIIIe siècle.

Ce parti de simplicité se retrouve à l’extérieur de l’église avec la présence d’un porche massif et de quatre tours. Ce type de façade flanquée de deux tours, inspiré de l’architecture du Nord de la France mais traité de façon beaucoup plus austère, est fréquent dans l’architecture méridionale. 

Les tours de la façade Sud ont la fonction de clocher mais notons que celles encadrant le chevet sont des ouvrages de pur décorum et ne remplissent aucune fonction. Elles n'appartiennent d'ailleurs pas au projet original. La décision de les implanter intervient vers la fin du chantier, probablement pour des raisons de symétrie.

Etat restitutif de l'église du monastère Saint-Benoît-Saint-Germain au XIVe siècle

© Dominique Larpin. Architecte en chef des monuments historiques

L’édifice présente un aspect militaire et défensif que justifiait l’époque troublée. La construction de cette église prend place dans un contexte de guerre. Les mercenaires vagabonds mis au chômage par les trêves de la guerre franco-anglaise parcouraient alors le Midi, rançonnant les villes et le pouvoir pontifical.

Les quatre imposantes tours carrées, les puissants contreforts, ou encore l’épaisseur des murs, quasiment nus, confirment cette impression de forteresse. Ce n’est pas la présence de l’énorme et insolite baldaquin qui dément cette sensation. Les documents anciens mentionnent également la présence d’un crénelage au sommet des tours.

Nul étonnement si, pendant les épisodes de violence de la fin du XVIe siècle et des débuts du XVIIe, l'église, transformé en réduit militaire par les papistes, figure dans les écrits du temps sous le nom de « Fort Saint-Pierre ».