Retable et statue de la Vierge


François-Xavier Fabre (1766-1837), mécène fondateur du musée qui porte son nom, de retour dans sa ville natale après une longue période passée à Florence, souhaite faire don d’une statue de l’Immaculée Conception à la cathédrale. Il fait pour cela appel à son ami le sculpteur florentin Emilio Santarelli (1801-1886), resté à Florence. 

En 1835, Fabre lui envoie des dessins du retable néoclassique qui doit accueillir la Vierge. Il insiste notamment sur la réalisation de la colombe du saint Esprit destinée à orner la clef de l’arcature de la niche. En juin 1836, il s’adresse à Pierre Maximilien Delafontaine (1774–1860), ciseleur et fondeur au Louvre, pour la fabrication des bases en bronze des colonnes et chapiteaux ornant le retable.

Fabre se rend régulièrement à la cathédrale pour juger de l’effet de la lumière dans la chapelle afin de conseiller au mieux le sculpteur. Il se plaint sans cesse dans ses lettres de la lenteur de l’achèvement de l’œuvre qu’il ne verra finalement jamais en place de son vivant.

Grâce aux lettres de 1835 de Fabre au peintre Benvenuti conservées à Montpellier, et à sa correspondance avec Emilio Santarelli conservée à Forli en Italie, cette commande est bien documentée. Les recherches permettent aujourd’hui de redécouvrir cette œuvre sculptée, que la Société de Saint-Jean qualifiait en 1875 de joyau de la cathédrale, « dont on ne saurait trop admirer le fini si merveilleux et la si exquise et si suave exécution ».

Retable et statue de la Vierge, François-Xavier Fabre (peintre et dessinateur montpelliérain), Emilio Santarelli (sculpteur florentin)

1837

Marbre blanc de Carrare

1,80 m (statue)

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

La Vierge à l'enfant servie par les anges, Jean Coustou

La chapelle est ornée de la Vierge à l’enfant servie par les anges, tableau dont la date et la signature furent redécouvertes lors de sa restauration en 2002. C’est une œuvre du peintre Jean Coustou (1719-1791) peinte en 1762. Artiste officiel de la ville pendant plus de quarante ans, Jean Coustou est l’un des maîtres montpelliérains les plus importants du XVIIIe siècle avec Joseph-Marie Vien (1716-1809) et Etienne Loÿs (1724-1788).

Cette toile témoigne du travail délicat de l’artiste. Le sujet fait référence au Repos pendant la Fuite en Egypte. Aux XVIe et XVIIe siècles, la halte de la famille prend de plus en plus d’importance et laisse place à l’imaginaire des peintres pour traiter des éléments de décor pittoresques. Le paysage rappelle l’exotisme de la Fuite en Egypte évoqué par les palmiers, comme dans l’œuvre de Giovanni Carlone (1603–1684) exposée dans la chapelle Saint-Roch.

Pour la réalisation des personnages, il s’inspire de Nicolas Poussin (1594-1665) qui peint vers 1630, une version du Repos pendant la fuite en Egypte. La composition et la posture des personnages sont identiques. Réalisée au XVIIIe siècle, cette œuvre démontre l’impact des grands modèles classiques sur la peinture française. 

La Vierge à l’Enfant servie par les anges, Jean Coustou

1762

Huile sur toile

2,44 x 1,87 m

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

L'adoration de l'enfant Jésus

L’autre tableau de la chapelle, l’Adoration de l’Enfant Jésus, présente une scène intime dans un style très différent. Travaillé avec sensibilité, l’aspect moelleux des chairs donne vie aux personnages. La tendance réaliste de ce tableau se retrouve dans la peinture française du XVIIIe siècle, influencée par le caravagisme et la peinture septentrionale.

En effet, la composition est proche d’une toile de Gérard Seghers (1591-1603) représentant la Vierge Marie avec un enfant et un ange, peinte en 1630. Mais ici, la facture plus lisse et délicate peut être attribuée au peintre français originaire de Pézenas, Gabriel Fournier (1606-1666). Son voyage à Amsterdam entre 1641 et 1646 pourrait expliquer l’influence nordique.
 

L’Adoration de l’Enfant Jésus, auteur inconnu

XVIIIe siècle

Huile sur toile

2,10 x 1,45 m

© Michel Descossy. Région Occitanie / Inventaire général