Au XVIIe siècle, les treize chapelles de la cathédrale sont concédées aux notables de la ville afin d’alléger les dépenses inhérentes à leur entretien. Elles s’ornent alors de décors fastueux à l’image du mode de vie de leurs commanditaires. 

Le 6 avril 1643, Jean Deydé (1617-1687), consul à la cour des comptes, aides et finances devient propriétaire d’une concession, l’actuelle chapelle Saint-Roch. Il pare le tombeau familial d’un décor de marbre et de peintures de la main des plus grands artistes. Le riche ensemble de marbre est démantelé en 1794 pour être en partie réassemblé après le Concordat de 1801, dans l’actuelle chapelle Saint-Joseph. Bien que partiel, ce décor reste l’unique vestige de la parure des chapelles de la cathédrale au XVIIe siècle.
 

L'apparition de l'ange à Joseph, Nicolas Mignard

En 1664, Jean Deydé commande en hommage à son père Joseph Deydé un grand tableau d’autel au peintre Nicolas Mignard (1606-1668) représentant l’apparition de l’ange à Joseph. Dans l’Évangile selon saint Matthieu, Joseph est visité à deux reprises par l’ange : une première fois, après l’Annonciation, afin de lui ordonner de garder auprès de lui Marie pour accomplir le mystère de l’Incarnation ; une seconde fois, après la Nativité, pour l’engager à fuir les soldats d’Hérode et se rendre en Egypte. C’est ce dernier passage qu’illustre le tableau de Mignard.

Mignard peint le sujet de manière très épurée. Il crée un jeu d’oppositions entre la gestuelle vigoureuse de Joseph et la grâce naturelle de l’ange. Au second plan, la Vierge contemple l’Enfant Jésus émettant une lumière divine. La sobriété de la composition, les modelés précis et la puissance des drapés rappellent la peinture classicisante du maître bolonais Guido Reni (1575-1642) souvent pris pour exemple par les artistes français. 

L'apparition de l'ange à Joseph, Nicolas Mignard

1664

Huile sur toile

3,00 x 2,40 m

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie

Lorsqu’il achève cette œuvre, Mignard est à Paris et vient d’être reçu dans la prestigieuse Académie royale de peinture et sculpture. Son tableau influence d’ailleurs Antoine Ranc (1634- 1716), qui en réalise, en 1699, une copie pour l’église Saint-Matthieu à Montpellier.

 

Les décors en marbres polychromes

En 1666 Jean Deydé perd sa mère, Anne de Rignac, et l’un de ses fils, François. Pour cette funeste occasion, il commande un ensemble de marbre au grand maître marseillais Pierre Puget (1620-1694) en 1668, qui confie l’ouvrage au sculpteur génois Francesco Massetti (1619- 1687) sous sa direction.

Le décor prend place dans la chapelle entre mai 1677 et avril 1679. D’un style mesuré, entre baroque et classicisme, il est orné de marbre blanc de Carrare et de marbre rouge de Caunes avec ses veines blanches caractéristiques. Le devant d’autel est enrichi d’un élégant bas-relief représentant saint Joseph en prière. Cette sculpture d’une extrême finesse est réalisée à Gênes pour être ensuite assemblée in situ. 

Démantelés à la Révolution, les décors de l’ancienne chapelle Deydé ont été réemployés dans la cathédrale au XIXe siècle à l’instar de l’autel en marbre situé dans la chapelle Saint-Joseph.
 

Autel en marbres polychromes, Pierre Puget (sculpteur marseillais), Francesco Massetti (sculpteur génois)

1679

© Jean-François Peiré. DRAC Occitanie